Le masque facial : organe de communication emotionnelle
« La communication émotionnelle relève d’une dialectique, d’un échange collectif du sens et des usages du monde, des significations et des valeurs qui fondent le fonctionnement social » Anna tcherkassof
Le visage est constitué d’un plan charnel, animé par des muscles d’expression, qui est accroché en profondeur par des points fixes ligamentaires, au squelette facial.
Le squelette facial est responsable de la forme et de la beauté du visage.
Il est organisé comme une cathédrale gothique avec des cavités, des poutres et des piliers. La mandibule est le seul os qui bouge dans le squelette facial, pour la mastication et l’ensemble des mouvements d’ouverture de la bouche. La façon dont s’engrène l’arcade dentaire inférieure dans l’arcade dentaire supérieure a un rôle majeur dans l’harmonie du visage et la fonctionnalité de la mastication. Les éléments importants du squelette sont les reliefs du visage (pommettes, front, nez, menton), l’avancement de la mâchoire et la forme globale courte ou allongée.
Ainsi, la forme du squelette est responsable du morphotype et donne déjà une idée de l’évolution du masque facial dans le temps.
Le masque facial : MF
Animé par les muscles d’expression, il s’accroche par des ligaments sur le squelette en des points précis.
Il a une structure complexe et unique pour faire face à ses nombreuses fonctions.
C’est le seul endroit du corps où la peau est directement animée par des muscles, dits peauciers, alors qu’ailleurs, les muscles, fixés en profondeur au système ostéo-ligamentaire, sont responsables de l’animation du squelette ; c’est pourquoi on les nomme muscles squelettiques.
Le MF est constitué, de la surface vers la profondeur :
D’un plan superficiel : la peau (épiderme, derme, hypoderme) qui repose sur une lame horizontale, conjonctivo-musculaire, le SMAS. Les muscles peauciers sont des lames horizontales fixées à la peau par endroit : lèvres, paupières, front, cou. Ce plan est mobile lors du mouvement et glisse vers le bas lors du vieillissement.
D’un plan profond graisseux et musculaire : muscles animateurs et fixateurs des muscles peauciers.
Les animateurs ont une orientation oblique de la surface (insertion sur les muscles peauciers) vers la profondeur où ils s’accrochent sur l’os (via le périoste). En quelque sorte, ils amarrent les muscles peauciers au squelette.
La graisse est un élément structurel très important du visage, elle se situe en plans superficiel et profond et prend en sandwich les muscles. Elle favorise les divers mouvements et protège des éléments fragiles du masque facial (canal de Sténon, vaisseaux, nerfs). Elle diminue lors du vieillissement sauf an cas de prise de poids.
Pour son organisation, le masque facial est segmenté par des cloisons conjonctives en territoires fonctionnels et il est fixé par des ligaments au squelette.
Cette organisation complexe permet la réalisation des différentes fonctions du MF : mastication, façonnement des sons, protection des globes oculaires et expression du visage.
Une prise en charge esthétique au naturel et notamment les injections, doivent être pratiquées à partir de cette segmentation fonctionnelle repérée en dessinant chaque visage et non pas en fonction d’un nombre d’or ou de points codés pour obtenir tel ou tel résultat! Sous peine d’uniformiser tous les visages!
Mieux comprendre la structure anatomique article et schémas
Le visage : organe relationnel et marqueur de vie
Le masque facial est un véritable organe relationnel, c’est-à-dire, un instrument au service de la communication et des interactions humaines sous-tendues par nos émotions. Ses expressions sont liés à la fonction visuelle et il s’anime en réponse aux mouvements du visage de l’autre, en miroir, faisant de lui un organe mimétique!
Au-delà de la communication, le visage est une interface entre l’extérieur et notre intérieur psychique.
Il s’anime à la fois à ce que l’on voit et à ce que l’on ressent. Ainsi, il s’imprègne de nos interactions avec autrui mais aussi, de nos émotions et de nos ressentis profonds.
Au fil du temps, Il devient un marqueur :
D’identité : nous nous reconnaissons par notre visage. Nos papiers d’identité portent sa photographie.
De personnalité : le visage ne bouge pas de la même façon chez les introvertis et chez les extravertis
Des émotions et des parcours de vie : la souffrance, la dépression, le bonheur, la plénitude ne s’incrustent pas de la même façon sur le visage. La souffrance accélère le vieillissement et imprime un air triste alors que l’optimisme rehausse les traits et fixe les multiples sourires accumulés (patte d’oie ou plissé soleil).
Du temps qui passe : le visage se modifie dans le temps, les différents signes du vieillissement apparaissent progressivement et sont autant d’indices de tranche d’âge. Cependant, les visages touchés en esthétique perdent ces repères et on ne sait plus leur donner d’âge. D’autres signes peuvent alors apporter des renseignements implacables comme l’aspect du cou, du décolleté, du dos des mains, de la posture physique.. D’où l’importance de la cohérence de la prise en charge esthétique.
De l’état général, du métabolisme, de la carence hormonale, de la qualité du sommeil
Des facteurs épigénétiques (mode de vie) : exposition solaire, tabac, alimentation riche en sucres rapides, protéines et graisses animales, l’alcool…Ces facteurs extérieurs sont très délétères pour la peau et le corps humain et se comportent comme des accélérateurs puissants de vieillissement impossibles à dissimuler.
Ainsi, le visage est à la fois un instrument de communication très utile pour nos interactions sociales et un livre semi-ouvert sur notre vie, notre façon d’être au monde et notre personnalité.
C’est pourquoi accepter son vieillissement n’est pas si facile, même pour des intellectuels, car il peut être vécu comme une dépersonnalisation qui modifie à la fois notre rapport aux autres et à nous-même.
La chute des tissus, la perte de la graisse, le relâchement, les rides trop marquées nous éloignent de notre visage de référence, celui des 30 ans, de la force de l’âge et de l’amour, que nous avons intériorisé au plus profond de nous et dont nous sommes si fortement imprégnés.
L’acceptation du vieillissement du MF n’est donc pas chose facile, mais elle sera encore plus difficile si nous n’avons pas su enrichir notre profondeur tout au long de la vie et su créer des centres d’intérêts épanouissants.
Dans ma pratique, j’ai remarqué que les femmes qui s’orientent vers des gestes extrêmes sont souvent celles qui se sont beaucoup trop identifiées dès l’enfance à leur beauté. Elles ne peuvent supporter la perte de l’attractivité et des regards qu’elles suscitaient. La beauté a un effet magnétique mais elle s’apparente à un cadeau empoisonné qui transforme les rapports humains dès le plus jeune âge. Sa perte peut plonger certaines femmes dans un profond désarroi voire une dépression sévère et les conduire à de véritables mutilations de leur visage.
C’est pourquoi, l’important dans mon activité est de ralentir le vieillissement en respectant le naturel dès l’âge de 35 ans pour que la vie ne tourne pas autour de la tristesse de la perte de la jeunesse. Mes patientes me rapportent souvent que cette prise en charge esthétique les aide à vivre pleinement leur maturité et je les sens effectivement plus fortes et épanouies.
C’est la première fois dans l’histoire, qu’il existe des techniques mini-invasives qui permettent de ralentir le vieillissement du visage, ce qui explique un tel engouement pour la médecine esthétique.
Cependant, l’esthétique médicale est un métier qui ne s’improvise pas, il nécessite : réflexion, travail, apprentissage, expérience, technicité, qualités artistiques et humaines.
Un visage n’est pas modelable à loisir et toute déformation ou effet indésirable permanent sera vécu comme une catastrophe et une perte d’intégrité de son image.
La prise en charge idéale doit être précoce, spécifique, respectueuse et être accompagnée d’une volonté de la patiente à limiter les facteurs accélérateurs de vieillissement.